lundi 13 avril 2009

52 FOIS LE CHANT PREMIER

Cauchemar récurrent la nuit dans ma chambre de bonne, le plancher tient à peine, prêt à craquer, cette fois il cède, je me retrouve au rez-de-chaussée. Marguerite Duras arrive. Débris-Bouddha, sourde, elle plane avec son 275e roman, une resucée de son 274e. J'habite un squatt, la pièce la plus précaire. Elle s'intéresse au groupe, pas à moi. Je lui dis je suis poète, je ne peux plus vivre faites quelque chose. Non. Se ravise. Mais quoi ? Le lendemain je lis un vieux Télérama sur Rimbaud, en pleurs. Comment trouve-t-on un lecteur ? "Le ciel est si bas, les eaux sont terreuses".
Les parisiens ils me reçoivent un petit doigt, l'annulaire pas. On m'agite le flacon plutôt que de me me donner la main. A leurs tables de diplomates je suis poète, nous sommes ravis. Deux ans de démarches pour changer de placard. député, HLM, associations. Nuls. Je préfère encore ma boite à lucioles de 10 mètres carrés, que je photographie, à moutons et au 7è étage, que de lever la jambe pour leur spectacle. Mon prix, pour eux, une cigarette. Les parisiens sont dans leur assiette à leur steak. Impressionnés de partager leur part de taboulé.

Le sida exceptionnel - fort dans la tête, mon corps démolit - quand je ne suis pas renvoyé à la position de malade, enfin tranquille, ça va être court. Donner dans les meilleurs délais. Pas de si-tu-a-tion. Ça va être maison ! Voir grandir mes écrits, mes chansons, mais faut pas y croire à l'Histoire. La mort subie ou choisie c'est selon, m'apaise. Aimanté aux croisements, sec dans la visée, "vrai j'ai trop pleuré". Le mal, une flûte en fête.
Ça vrombit. Chaque instant sans ennui est du meilleur, et du magique. Le suicide de chaque instant, en avançant, le goût de l'immédiat, et l'oubli, plein de mémoire, mêlés, me font une fleur esthétique, un sourire de haine et de aime, la voix chantante. M'ouvrir, mes retrouvailles et ma perte. Ventriloque timide. dans une poussée. "Une futilité plus forte que la provocation. Olivier. Changer de point de vue.

Ballade en groupe en voiture du centre de cure. Ça parle pour ne rien dire, ou avec des yeux d'angoisse, ça traque la vide de détails qui poissent. Près d'un torrent bruyant et glacé, les mots de Serge Gainsbourg m'emplissent de joie distanciée ; les monts nus,les monts pelés,et les névés, je suis nu, je suis pelé, je suis tébé ; et têtu. Le comble je tombe, je comble ma tombe, tel un frelon à l'heure d'la tombola je pique ma discrète émotion. J'aime pas. Que les figures de la terre, à l'envers du ciel.
Des arbres détachés se rapprochent du sommet, promeneurs figés un à un bonhomme, n'y arrivent pas. En bas c'est le toboggan, la guerre dans la vallée, dans les grands magasins par paquets, un quart d'heure suffit pour t'y scier. En haut sont chassés tes pensées, tes doutes sur tes amis trop personnels.


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