lundi 13 avril 2009

MERVEILLEUX DÉSASTRE

La jeune junkie : "Je t'attends tous les matins, dès que je me réveille je pense à toi. T'as le sida mais tu ne te laisses pas faire, t'es fort dans ta tête, c'est bien, ça me fait du bien". Parfois elle demande trop, son courage n'est pas brillant... Seule dans sa chambre... A deux ça gêne... (Mon compagnon lui est cohabitable, l'air d'un con qui se doute d'en avoir l'air. Un parisien, donc informé. "Petit homme" signifie son nom. Petit cul à moustaches et grand nez, attachant avec le temps)... L'hôpital amène une autre junkie dans son lit voisin, un cadavre. A ma copine qui décroche à peine, folle, y a de quoi, le cercueil lui demande au premier reniflement si elle sniffe ; prostré fouille dans ses affaires le dos tourné, ou chie par terre. J'interviens auprès des infirmières pour cesser cette comédie. On est pas de la chair humaine à mettre côte à côte. Elles me promettent une solution pour le lendemain. Je repasse. Elle énervée, agressive : "- On me propose un cagibi je refuse, cette pouffiasse est toujours là", (devant elle). Choqué je sors immédiatement, du geste de le main "assez". Du coup elle a la haine. Plus tard :
- Toi tu passes ton temps à te défendre, et moi ? Je n'ai pas aimé ton attitude.
- Mes 200 francs.
- Reviens dans deux heures je te répondrai, j'ai besoin, de réfléchir.
- Une réponse.
- Tu ne m'as pas donné d'argent !
- Je ne quitte pas ta chambre.
- D'accord, dégage. On verra.
- 24 heures.
Aujourd'hui je toque à sa porte, elle clenche le verrou. Du pied je le fais sauter.
- Tu n'auras pas ton argent, connard.

Je prends son petit poste de radio et le jette par la fenêtre. Elle me claque. Le poste reste vivant. Le soir je vais à la patinoire, je signe la glace. Je suis attentif à une jeune fille, larguée par l'institution et sa famille, elle me pille. Je donne mes chansons à l'institution je le paie. Je rends les coups sinon je serais déjà mort. J'équilibre, je satisfais. Des mots pour ma douleur. Mais j'ai pas tous les mots.

La technique supprime la politique. Un gros hélicoptère noir se pose en urgence plusieurs fois par jour sur le toit de l'hôpital en face. On ne sait pas résoudre autrement. Comme faire de l'auto-stop, impossible, pour réparer, le cri. Arrêtez la machine ! Entouré, on ne parle que de ça, de nos transports, on ne sait quel désir. Toutes les nuits un ronflement, une respiration mécanique. Des déplacements. Lancinants. Un jour je découvre un placard de machinerie collé à ma chambre. Les ouvriers viennent le lundi. Attendre. Que ça recommence la semaine qui suit. L'institution fabrique des assistés et des cas sociaux de plus en plus rebelles, dépendants, démis, les bras nous en tombent, et le corps suit... La science empêche toute parole, qu'un jargon de pouvoir, qui répand déjà la maladie... La représentation c'est pas du travail.


http://www.decidemarcel.fr/

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