lundi 13 avril 2009

QUE LES YEUX POUR VOIR

Je parle trop haut. Crû. Pas assez policé. La meute m'aboie. A l'atelier je montre mes crocs, et ma peinture sur soie. La joie de moi ! Le public m'a donné raison. Les autres je ne leur pardonne pas. Je suis loin d'observer les règles de la chorale de chiens mal élevés par les médias. Tout ne fait plus d'image. Le réel n'existe pas. Pris dans l'extériorité, tout doit faire image, déjà vue. Allégeances spectaculaires.

Les villages à mi-hauteur de l'ensoleillement des champs descendent; les trains ont crée les villes dans les vallées. A Notre-Dame des Neiges, chapelle à flanc du Mont Prorel, des scouts répètent une prière sur le corps interdit, étouffent des fou-rires, dans cette miniature refaite de crépi beige dans le goût de la BNP ou d'une dépendance des PTT, atteinte en téléphérique. Hystérique je lis non loin un mantra, la dernière prière de Bouddha, précepte de tous les plaisirs, pour l'illumination des désirs vains et satisfaits... Corps voluptueux de la montagne, peaux de vert et de gris, réverbéré de nuages d'ombre glissant auprès des pics à glaciers, un tour dans ma périphérie... finalement j'aime pas les catéchismes. Même la vue. Y a que des faîtes d'arbres... Moi je travaillerais à l'apparition des images.
Le junkie trouve l'hôpital pire que la prison, dont il sort, en conditionnelle. Un maton en blouse blanche inspecte chaque nuit les chambres avec sa lampe de poche.
Le junkie, un français d'origine kabyle, séducteur sent subtil l'autre, lui aussi a un manuscrit, en remontant la rue de Ménilmontant, même qu'il le chante, avec un groupe et une cassette, "faut la redescendre" , mais l'alcool aidant il phantasme : "Les français sont des pédés, des femmes, on va les coucher. Ils travaillent pour nous. On va vous envahir". Pas adorable tout de même !

Je suis local, dans un incessant déplacement ; singulier, indéfini ; différent ; glissant. Mon affect universel, gardien, non prisonnier de ma cage... une mélodie. Convaincant je mise en commun sans compromis. Pincé, privé, renversé, ébloui. Ailleurs mélangé. Voir venir et danser. Pendant trois jours j'ai signalé à mon médecin l'attitude de l'animateur à me traiter de "malade" à cause de ce désaccord sur le spectacle. Ça me tourne la tête.
- Je n'ai pas eu le temps.
- Vous me mettez un sparadrap sur la bouche.
- Tous les ans y en a un qui fait problème.
- C'est ça c'est moi la tâche, la faute récurrente. Vous m'aviez dit que vous vous en occuperiez, vous m'avez menti.
Des infirmières sont bien d'accord, "des bonnes à tout faire et les malades des cobayes". Eventuellement on vous donne rendez-vous avec la psychologue pour vous faire taire, et ceci n'a rien à voir avec vous !

Chant des Pyrénées, modéré et chaleureux :
Baissez-vous montagnes,
O plaines, montez !
Que mon oiseau gagne
Les lointains sommets !
S'il chante, qu'il chante,
Oh la belle voix !
Comme elle est charmante
venant jusqu'à moi.
Les fières montagnes
Ne s'abaissent pas.
L'oiselet qui chante
Veut suivre mes pas !


http://www.decidemarcel.fr/

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