mardi 28 avril 2009

LE MONTAGE IDÉAL / Nuage avec les moyens du bord

LE MONTAGE IDÉAL


NUAGE

AVEC

LES MOYENS

DU BORD


RAPPEL

Comment ça s’articule ? Une logique redoutable. Tu voudrais pas que ça s’arrête, un train de portes qui s’ouvrent et se ferment, qui s’accélère trop vite. Un corps dans l’écho. Tout s’imbrique l’un dans l’autre, souvenirs.

Facultés décuplées. Cette logique qui s’instaure… une confusion des sensations. Longtemps ça m’inquiétait. Hermétiques, ça s’enchaîne. Les mots y a tant de choses qui s’passe. Travail plastique. Retranscrire les images dans la tête. C’est beau d’appeler ça le montage idéal. Le bien-être, la plénitude, la grâce.
Le temps décalé en des temps différents en même temps. Les parois fils d’éclairs, luminaires, pissent dans la nuit la vérité par vitesses. Tout passe. La mémoire est un escalier à étages, de haut en bas, en circonvolutions, des arceaux, des cerceaux de la terre, une mémoire aux épaules, à l’horizon contre un arbre…  ainsi les perspectives transgressées d’Eischer… les escaliers montent, ils descendent à l’envers, la colonne est devant aussi derrière. Ce qui s’enchaîne ne devrait pas s’enchaîner et ça s’enchaîne. Une architecture montre ce qui serait possible. Et tu le touches. L’ironie en boucles. Tu vois plusieurs temps, plusieurs vitesses, plusieurs moments…
L’esprit est partout dans toutes les courbes de l’univers. Circulations, répétitions, je vois des lueurs, des poussières entre conscient et inconscient. Je vois des hommes. Un labyrinthe de rencontres.
Par auto-suggestion.

J’y avis pas pensé moi-même, je le présente pas, ce que j’avais cru voir. Rébus.
L’image démultipliée en mouvement, spirale rotatoire, de ce qui est perdu, les déchets, qui deviennent beaux, mémoire à étages en perpétuel mouvement, travail romanesque de Robbe-Grillet : éclatement des temps, des lieux, déclinaison des retours, dépliement de l’action, des hébétudes récurrentes, finissent par former des structures.
Répétitions.
Y a des choses qui s’agitent autour de lui, flou, des corps, y a des formes ça devient pluriel. Multiple. Inestimable. Les Vagues de Virginia Woolf. Des rêves lucides piétinés.

Un sourire comme une vague des intersections.

Au portillon tout transposé, tout revu, époques superposées. On voit Bulles et système d’écrans en articulation mécanique. Un montage. Une aspiration.

Je suis un spectre. L’œil est une oreille fermée. Quand on entend on voit. Quand on voit on entend. Ce que tu entends vient de toi. La terre a un son perlé. On voit avec des points. Chaque point est un croisillon (chiasme) : On formalise avec des carrés. Autour de l’homme une multiplicité de points, l’autre, l’altérité, un seigneur, astres ronds. Sa place vains surplaces d’un point. Un point c’est un bouquet de pistils de points. Dieu c’est la terre et le cosmos. Improbabilités confuses, réactions alors qu’il faudrait être résigné comme l’absorption d’un tout globulaire, aussi rond qu’un Bouddha, aussi triste qu’une croix, yeux aux ciel.

A faire des carrés-rectangles, un diamant. L’homme est la terre, boule miroitante. Les vagues aux mains, ajustements répétés, liés, brasser la terre d’invisibles - Toupies de mes forces atteintes.
Je visite une ruine

Bâtie sur une colline

Ancien hangar

dont je peux toucher au-delà des poutres, le toit du regard.

Mais un vaisseau spatial occupe le centre de l’unique pièce. L’engin pointe vers moi son canon avec sa bouche noire.

Je me rend invisible.

Cet objet inerte qui a comme poussé entre ces quatre murs, cette machine de guerre imitant un astronef émet un ordre obscur. Il y a un pullulement d’yeux dans l’air avec des corps qui flottent autour et prennent forme humaine. Je m’éclipse. Le chemin est à découvert. Les mutants se profilent déjà sur les pierres de soleil, secouent les buissons, s’interpellent ; promènent leur nombre hors du lieu, s’éloignent. Famille un dimanche sur les bords de la Marne. Caché dans un buisson je les suis du regard : un enfant traîne.

AH ? D’OK !

Graphie intérieures et pointillés.

Ça ressemble à rien ces attaches, ça ressemble à l’oubli.

Voir Céline, Voyage au bout de la nuit.

« Des impressions seulement. On en fracassait de pleines poubelles d’impressions dans cette pénombre incrustée de lampions multicolores. …/… De sa maison nous dominions le port fluvial qui miroitait en bas à travers une poussière si dense, si compacte qu’on entendait les sons de son activité chaotique mieux qu’on en discernait les détails. …/… On avait à peine le temps de les voir disparaître les hommes, les jours et les choses dans cette verdure, ce climat, la chaleur et les moustiques tout y passait, c’était dégoûtant, par bouts, par phrases, par membres, par regrets, par globules, ils se perdaient au soleil, fondaient dans le torrent de la lumière et des couleurs, et le goût et le temps avec, tout y passait. Il n’y avait que l’angoisse étincelante dans l’air. »


VIERA DA SILVA

« Avec le temps je ne crois qu’aux individus et au travail dans la solitude ».
La mémoire seconde : titre de tableau, mot clé, aussi montage idéal, mur de juxtaposition, où l’œil vit la couleur, souvenirs, l’essaim de l’esprit, les matières et les couleurs ; l’essence.
Une apposition de consciences d’espaces, et tout le travail de Vira est de rendre évidents les passages à peine vus, structure des étonnements, fractionnements, un point aveugle, comme une lumière, un tissage de fibranes d’état de conscience d’espace et de temps, comme une échelle, un mur, une bibliothèque d’attentions, une ruche qui donne le tournis. L’architecture des villes, c’est la même chose que l’architecture de l’esprit, motifs, comment ça fonctionne.
Des années Viera vivait devant un tableau.
Nous on écarquille les yeux.
Les corps, des ombres.

LES YEUX ÉTAIENT SANS L’INFINI DE DIEU.

BRION GYSIN a un éblouissement, une répétition d’éléments graphiques répétés à l’infini. Pour lui la réalité intérieure, au fond, c’est la combinaison de ces visions abstraites qui vont et qui reviennent à l’infini, et dont nous ne connaissons ni l’origine ni la finalité.

Orage transcendantal de visions en couleur provoquée, les yeux fermés contre le soleil, interrompu par les arbres à intervalles réguliers sur une route, kaléidoscope multidimensionnel tournoyant à travers l’espace.
Accidentel.

Gloire de la scintillation, du clignotement, Machine à rêver qu’il fabrique, cylindre troué, multiplicité d’images dont les relations sont constamment modifiées, flicker du cinéma.

Être centré, répétitif et illimité.

Saint Augustin : « Et tu as effacé l’infirmité de mes propres yeux en dardant tes traits de lumière sur moi encore plus violement, et j’en ai tremblé. »

Saint Paul :
« …soudain étincela autour de lui une lumière céleste. Et il tomba à terre… »



BRYON GYSIN

« Cambridge le 15 février 1960 : « J’ai fait une simple machine à scintillation ; un cylindre en carton troué qui tourne sur un tourne-disque à 78 rpm avec une ampoule électrique à l’intérieur. Tu la regardes les yeux fermés et la scintillation joue sur les paupières. Les visions commencent avec un kaléidoscope de couleurs sur un plan devant les yeux, devenant peu à peu plus complexes et plus belles, de brisant comme le ressac sur la plage jusqu’à ce que des dessins tout entiers de couleurs martèles pour entrer. Après un moment les visions étaient derrière mes yeux d’une façon permanente et je me trouvais au milieu de tout le spectacle avec des dessins illimités qui se généraient autour de moi. Il y avait un sens presque insupportable de mouvement spatial pendant un moment mais il valait bien la peine de le traverser car j’ai trouvé que, quand il s’est arrêté, j’étais loin au-dessus de la terre dans une flambée universelle de gloire. Plus tard j’ai découvert que ma perception du monde autour avait très sensiblement augmentée. Toutes les conceptions d’être traîné ou fatigué s’étaient évanouies… »
J’ai fait une « machine » à partir de sa description qui suivait, en y ajoutant un cylindre intérieur recouvert du genre de peinture que j’ai développé pendant les trois années qui suivaient ma première expérience de scintillation. Le résultat, les yeux ouverts ou ferlés, méritait que j’obtienne un brevet et le 18 juillet 1961 j’ai reçu le brevet n° PV 868 281 entitré : « Procédé et appareil pour la production des sensations visuelles artistiques. » La description officielle de la Machine à Rêver dit en partie : « Cette invention, qui a une application artistique et médicale, est remarquable en ce que les résultats perceptibles s’obtiennent quand on approche les yeux, ouverts ou fermés, du cylindre extérieur percé d’ouvertures à intervalles réguliers qui tourne à une vitesse déterminée. On peut modifier ces sensations par un changement de vitesse, ou par un changement de la disposition des fentes, ou en changeant les couleurs et les dessins sur l’intérieur du cylindre… »
La scintillation peut s’avérer être un instrument valable de psychologie pratique : certains voient, d’autres ne voient pas. La Machine à Rêver, avec ses dessins visibles à l’œil ouvert, entraîne les gens à voir. Les éléments fluctuants du dessin scintillé soutiennent le développement de films autonomes, qui procurent un plaisir intense at qui peuvent être instructif au spectateur.
Qu’est l’art ? Qu’est la couleur ? Qu’est la vision ? Ces vieilles questions exigent de nouvelles réponses quand, à la lumière de la Machine à Rêver, on voit l’art abstrait ancien et moderne tout entier les yeux fermés.
Dans la Machine à Rêver rien ne semble unique. Plutôt les éléments vus en répétition infinie s’enroulant à travers des nombres au-delà des nombres et retournant, se montrent ainsi être une partie du tout. Ceci doit certainement s’approcher de la vision dont parlaient les mystiques : suggérant tout en le faisant que c’était une expérience unique.
On a confondu l’art et l’objet de l’art — la pierre, la toile, la peinture — et on l’a estimé parce que, comme l’epérience mystique, il était supposé être unique. Marcel Duchamp était sans doute le premier à reconnaître un élément de l’infini dans le Ready Made — nos objets industriels fabriqués en séries « infinies ». La Machine à Rêver peut très bien vous montrer une série éternelle de brûleurs à gaz brûlant d’une flamme surnaturelle, mais appeler un brûleur à gaz individuel un « objet d’art unique » en y ajoutant la signature de l’artiste c’est faire l’erreur élémentaire de prendre le monde qui n’est que tangible pour le monde visible.
Ma première expérience de scintillation naturelle à travers les arbres m’a révélé que la seule et unique chose qu’on ne peut enlever du tableau est la lumière — tout le reste peut être complètement transmué ou peut même disparaître. La Machine à Rêver peut accomplir un changement de conscience en ce qu’elle fait reculer les limites du monde visible et peut en effet prouver que les limites n’existent pas.
Quand j’avais vu plusieurs centaines d’heures de scintillation, je pensais à Gray Walter et à sa vision des premiers singes en mutation que la scintillation faisait tomber des arbres dans la forêt vierge, et j’ai écrit : Un singe tout prêt — a Ready-Ape — toucha la terre et l’impact lui fit sortir un mot. Peut-être qu’il avait la gorge infectée. Il parla. Au verbe était son commencement. Il regarda autour et vit le monde différemment. Il était un singe transformé. Je regarde autour maintenant et vois ce monde différemment. … »

« Les images se fondaient et se divisaient sans méthode ».
« Tout est déjà dans les choses, comme l’ombre et les gouttes sont déjà dans les nuages ».

Lorenzo Mattoti. (auteur de bandes dessinées)


L’univers de Moëbius, ces soucoupes d’où fusent et convergent des faisceaux de lumières - autant de couloirs des mondes - Garage Hermétique d’un Major Fatal.

« Ce qui fait la force d’un cerveau… c’est que tout s’y passe simultanément à des milliards d’endroits à la fois… chaque point contenant l’image du tout… la mémoire ! » La revue Actuel.

On ne peut pas s’arranger avec l’amour, le monde. Il faut l’amour, Compassion. Alors le montage du monde.

Tous mes rêves d’immeubles, d’avoir une chambre dans des cours inconnues, moi poète secret, dans des architectures surveillées, me surveillant.

Bien là, me demandant ce que je fais là, attendant ce montage d’amour, devant cette maison habitée et vermoulue, passage, couloir, secret, vie, d’une clepsydre. (Cf. : film de Has)

ZAPPING DU CÔTÉ DU SPECTATEUR - PAS ENCORE VIRTUEL.

On a plusieurs vies, des métaphores perpétuelles. Perpétuer cela.

Arthur Rimbaud : Alchimie du verbe :

« je devins un opéra fabuleux ; je vis que tous les êtres ont une fatalité au bonheur : l’action n’est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. À chaque être plusieurs autres vies me semblaient dues. »

Dérèglement contrôlé.
La multiplication et en avant, à travers le temps et l’espace, résorbe toute action, toute différence.

(Il n’y a pas de différence. Que des juxtapositions.)

Les toiles impressionnistes, toiles de bonheur, éclat de soleil.

Le montage idéal c’est le soleil sur moi, au réveil, reconstruisant nonchalamment les lambeaux de rêves, la danse du mouvement du soir, dans la lumière l’instant tissé de bleus couloirs.

La permanence de l’impermanence.

Gargle ! Gasp ! Au bout du couloir.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, de Céline.

… je parvins mal à imaginer (…) mon propre meurtre (…) Les Aztèque éventraient (…) 8 000 croyants par semaine, les offrant ainsi au Dieu des nuages, afin qu’il leur envoie la pluie.
(…) Il me semblait qu’un tout petit espoir (…) un fil dans la nuit.

(…)

Je discernais très bien la route à ce moment et puis posés sur les côtés, sur le limon du sol, les grands carrés et volumes des maisons aux murs blanchis de lunes, comme de gros morceaux de glace inégaux tout silence, en bloc pâles.

Serait-ce la fin de tout ? Combien y passerais-je de temps dans cette solitude ?

Plus loin dans les chemins de côté flottaient les grands cubes et rectangles tendus de toile sombres, les baraques d’une fête que la guerre avait surprise là, et comblée soudain de silence.

DEUX VIDÉOS PROJETÉES PAR LA REVUE ÉCLAIR
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Sur deux télévisions découpées de cases fugitives remplacées comme un battement de cases, est superposé, un visage - à la télé de droite une fille , à la télé de gauche un garçon. Ils se parlent, les deux, obnubilés par leurs bruits, échos, résonances, brouillés d’images et de sons d’êtres - téléviseurs.
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Un homme de science en blouse blanche dans la télévision dit : il y a le bien, il y a le mal. Sur scène le même mime ce qu’il dit. Puis des interviews dans la télévision sur le Malin, tant de réponses nuancées multiples et justes que l’homme quitte la scène n’ayant plus rien à dire.


Télévision (téléviseur) = cube-sphère.

Ceux qui sont morts depuis longtemps deviennent de pluie, nichent dans la ruche stratosphère autour de la terre, les essences des êtres, petits points de consciences éternelles, concert d’âmes… humez la profusion !


…« les mouches et les cigarettes »…

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, de Céline.

Les mouches figurent toutes les possibilités de fictions d’une espèce, point multipliés, menaces d’un ailleurs, qui ne peut s’atteindre, pour un individu.

Les mouches bourdonnent autour de cet homme qui ne bouge pas — Même la mouche du coche s’obstine à observer cet homme cloué et ridicule — Nous sommes agacés d’être regardés individuels. Et les fumées sont les pensées qui se perdent tourbillons, spirales, à peine formées, pour être oubliées. Les points s’auréolent.

Dans le mouton à cinq pattes d’Henri Verneuil, les parieurs font un ultime pari, ils lâchent une mouche emprisonnée sous un verre au milieu de deux sucres. Celui qui a le morceau où elle se sucre en premier à gagné. Œil multiplié sur un cube de blanc, nourriture d’oublis. Ainsi Fernandel regagne ce qu’il avait failli perdre. Il a l’œil.
Tue la mouche. « Ingrat ! » s’entend-il dire.

Les animaux sont sous emprise du cosmos, les forces de l’espace. Dôme des fourmis. L’homme est libre arbitre. Sous influence. Spectre en passant, mystère impuissant, la chanson du jour.

Œil de mouche : lunette avec des cristaux (taillés en losanges), réalité diffractionnée, sphérique, répétée. Au moindre rayon de soleil je vis. Aussitôt une mouche vrombir comme si son œil multiplié était associé au soleil. Pas de soleil sans mouche. Et quel effet lui fait la main multipliée qui la menace ?

Qu’est ce soleil multiplié que l’on chasse de la main ?

Mouche ou guêpe est un point noir, un autre monde possible, une menace ? La guêpe est comme le point obsédant enfant du malheur possible, la focalisation en des points d’une autre réalité. Un autre monde en un point dans le nôtre, qu’on vit dans l’instant.

On a toujours peur des guêpes. On ne sait pas rentrer dans un autre monde.

L’obsession du point aujourd’hui ne l’a pas quitté. Et s’il s’intéresse maintenant à la boule Terre vue de l’espace, la base reste la même : le point optique rejoint le point cosmique. Travaillant sur ordinateur, Alain Jacquet explore les confins du globe.

Puisque chaque image c’est des points, le papillon est le pattern qui volette, affolé de multitude.

Pattern : motif récurent.

C’est comme si la vision était faite de petits points, tamis, par lequel les images sont réversibles, disparaissent, réapparaissent, se refont.
Le hachisch, ou regarder une chute d’eau, la nuit, provoquant à l’œil une myriade de petits points, dessins, motifs récurrent, au choix ruche, qui à volonté transforment la réalité. Quand le regard balais la route, les arbres, les voitures et leurs phares qui découpent, c’est un hasard d’assemblages, une possibilité (physique, accidentelle) du devenir.

EXTASE

« Me retournant sur le dos, je contemplais le ciel entre les millions de petites feuilles pâles que traversait la lumière. Il me semblait n’être plus moi-même, mais bien tout ce que je voyais. J’étais l’air, j’étais l’espace.
(Une naïveté bien ridicule se mêlait à) cette manière d’extase. »
Julien Green

Chansons des miracles intérieurs

Les tempes ourlées des voyages que je n’ai pas fait,
les tempes ourlées des voyages que j’ai déjà fait,
les tempes ourlées des voyages à faire ;

à l’abandon du fourmillement de la floraison, perdu, perdu,
souffrance / plaisir de la perdition dans la floraison ;
en fermant les yeux les images passent pâles à toute vitesse ;
rien qu’un palpitement, le bonheur — un arbre patient.
Arrivé à la bonne heure. L’heure c’est l’hui, un crépuscule.

La lumière pas loin, en petits points, sourd, sculpte, calme le refrain.

Un fourmillement peut donner l’inquiétude, le même fourmillement choisi d’être vécut avec inconscience c’est le bonheur.
Une pré-science, vécue dans l’immédiateté, instinct réfléchi.

… Se déplacer, voyager, c’est l’opportunité de voyager à l’intérieur même du faisceau de ses états de consciences…

DERVICHE TOURNEUR

Dans l’Aveyron, les transpositions dans la tête, invisibles, tous les points, les éclats de souvenirs étaient plus clair, impasses, bourdonnement, autour de la tête, un couronnement.

Le paysage d’Aveyron, des alvéoles, arcs intersectés, entrelacés, vallons ronds, les arceaux imbriqués sont des temps terrestres, montent et descendent en avançant, ondoyant.

Voyager à toute vitesse, de l’Aveyron à Paris, points d’intersections (croix du temps et de l’espace) renouvelés, indifférenciés, comme la lumière à travers les arbres, un château, il n’y a rien de communicable, que des points, presqu’un peu, il y a si peu de rien.


PROFUSION

Profusion. Spontanéité. Expériences, valeurs, idées. La rhétorique, la composition ne sont plus. Que profusion et spontanéité. J’y cherche des plans. Américanisation, segmentation, ordinateur, informatique, une classification épicière, mais dans la profusion, mais une pure circulation, de nuances, l’ubiquité. S’il n’y a plus de sens (unique), il y en a plusieurs.

Être là, indifférencié ?, un buvard, ou très très spirituel ?
Dans l’état de bien être indien, le temps revient. Dans leur immédiateté les mêmes situations de la vie, répétées, avec un effet de retour, une toupie, une lanterne magique, le retour du diapason d’être à l’unisson, facilité dans le plaisir de passer, toujours là n’importe où, par son propre cinéma, du monde.
Le vécut, devenant projection.
Adéquation.
C’est vrai. L’instant d’après ça n’est plus vrai.
Indifférencié, et très très spirituel. Et.

TERRITOIRES INVISIBLES

Multiple ?
Isolement humain.

Cette brèche — de pierres mal emboîtés, obstinées, arbitraires, déterminées, cristallisées, rencontres amincies…— ne sert qu’à nous mesurer nous-mêmes. Picore, au cache-cache de tes inhibitions, ouvre une page de livre au hasard de tes intuitions, inter-agit, flèche les circonvolutions, tout est si particulier, et y a du monde, et tout le monde se nie, doute, joue, écoute une harmonie, picore, les voix sont dans d’autres espaces, que dans la seule géographie où elles se perdent… Les terrasses nichées, ignorées, les piliers de l’étranger déplacent, relient les couloirs sur place, les sons.

S’oublier. Lent et abandonné comme le vert. Le soleil à travers.

Utopie de la pierre
construire
jardins en étagères
d’en haut frappe la lumière à travers les vitres
les voix humaines bruits amères
le fruit vitrifié.

PAON

J’oublie et je me retrouve, vitrail, pris à la porte des mondes, le rêve et l’éveil, peu cohérent, partager le passé-passage, accordéon enivré des choses simples, le montage du monde, le bruissement de tous ces immeubles de rêve, la nuit, cours inconnues, montage d’amours, habités, vermoulus, par les couloirs de la Clepsydre.

Sur chaque visage on lit le degré d’amour contrarié par l’arrangement avec le monde. Argent, mange.
Palpitations, découpages pour une vrille imaginaire, l’aile géante, rentrer dans le tableau.

Quelle chair de maison de passe surannée ! Exclamation devant une façade de maison. Un mur, de face.

Suer toutes les aubes, tous les matins, courir tous les pays, revenir inlassablement l’après-midi.

Symétrie : répétition ordonnée (de l’acte ; de l’art)

Une famille d’oiseaux vole doucement très bas dans les champs, volette de courbes en courbes pour disparaître, coud de son vol en bande une copie géophysique, connecte leur corps aux courbes d’un tissu, une danse, forme un maillage de la liberté, relance, alliage nécessaire du monde.
Les canards piquetés dans les pâquerettes, béats.

À la sortie du village autour d’un arbre le vent tourbillonne. Les oiseaux s’élancent, fous à jouer. Assis au pied de l’arbre, j’ai le tourni, enchevêtré qui s’élève, à l’harmonie. De mille essais. Les feuilles secouées s’agitent. L’arbre, serein, frémit.

VENTILATEUR

Tenant un chiasme à la main-facettes de toupies réflective : figure rhétorique et géométrique : deux parallèles se croisent en un point dans notre monde courbe. Envers apposés de toutes les possibilités. Une croix qui tourne. La baguette aux mains de la majorette devant les défilés dans la rue, un collage de l’ordre. Décollez !

En Asie, les danseurs des fêtes religieuses tiennent à la main des spectres-toupies à facettes. Un moulin à prière tibétain.
En occident dans les boîtes de nuit-disco, réassort des boules taillées de losanges, qui tournent, scintillent de reflets.

Samuel Beckett dans L’innommable fait du surplace, une spirale à l’envers. « J’avais déjà fait une bonne dizaine de pas, si on peut appeler ça des pas, non pas en ligne droite bien sûr, mais selon une courbe fort prononcée, laquelle, sans peut-être me ramener précisément à mon point de départ, semblait destinée à me faire frôler de fort près, pour peu que je m’y maintinsse. Je m’étais probablement empêtré dans une sorte de spirale renversée, je veux dire dont les boucles, au lieu de prendre de plus en plus d’ampleur, devaient aller en rétrécissant, jusqu’à ne plus pouvoir se poursuivre, vu l’espace d’espèce où j’étais censé me trouver. »

Toupie de magicien-hypnotiseur à la main de Gene Kelly The Pirate (Vincete Minelli)

L’hélice donne la direction du vent.


UNE TERRE DE COURBES (ET DE PILIERS) QUI SE COUPENT.

L’homme au kaléidoscope multidimensionnel, en retour sur lui-même, à travers l’espace courbe, avance mu par tous les phénomènes de l’espace courbe en mouvement, l’homme cette « espèce d’espace » (une terre), une spirale d’un point, bouge de tout côté, points de rencontres, mille, croise les chemins, reflets, une irradiation.
L’homme sphéroïdal sur une pointe en équilibre en tournant, une terre, à tous les chemins est un point, une terre de courbes qui se coupent, en avançant par tous les côtés, l’homme croisé dans toute ses positions. La terre oscille. Le rond réverbère d’alvéoles.

L’œil à tout. Boules de verre collectionnées par la sœur de Tenesee William… Un mur de boules de verre.

Il y avait des bulles de rêves dans la chambre. Rodenbach.




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